6ème Version

Oct 12, 2020

Accord de Glasgow:
Engagement des peuples pour le climat

Le cadre institutionnel utilisé par les gouvernements, les organisations internationales et l’ensemble du système économique face à la crise climatique ne parvient pas à limiter le réchauffement climatique à 1,5 ou 2°C d’ici 2100. Dès le début, les pays développés et les filières polluantes comme l’industrie pétrolière ont orchestré l’échec répété de ce cadre institutionnel. Ils ont seulement créé l’illusion qu’il agissait pour le climat alors que les mesures décisives sont retardées et les émissions de gaz à effet de serres continuent d’augmenter. En raison de décennies d’interférence menées par ces acteurs, les engagements déjà peu ambitieux, ont été continuellement déshonorés. De plus, les principaux accords institutionnels sur les changements climatiques, notamment le protocole de Kyoto et l’accord de Paris, n’ont pas engendré la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre nécessaire pour enrayer les changements climatiques. L’accord de Paris n’est qu’une procédure, et il ne pourra pas à lui seul atteindre l’objectif de prévenir les pires conséquences du dérèglement climatique.

Des centaines de gouvernements, de municipalités et d’organisations ont déclaré l’urgence climatique. Des manifestations massives partout dans le monde ont, de manière répétée, appelé à une action décisive en faveur de la justice climatique. Un consensus scientifique affirme qu’il faut réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Pour atteindre ces objectifs il faut arrêter de développer de nouveaux projets et infrastructures dans le domaine des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Ce puissant mouvement pour la justice climatique a besoin de nouveaux outils et de renforcer les anciens pour faire face à ces contradictions fondamentales et pour inverser le scénario mondial : l’inaction des institutions doit faire place au pouvoir de la société qui apportera un changement durable.

C’est pourquoi, les organisations et mouvements sociaux soussignés assument:

  1. Prendre en main la responsabilité de réduire collectivement les émissions de gaz à effet de serre sans se focaliser uniquement sur la lutte institutionnelle - principalement la négociation avec les gouvernements et les Nations Unies;
  2. L’absence de coopération politique et économique, l’action non violente et en particulier la désobéissance civile comme principaux outils permettant de garantir la réussite de l’accord de Glasgow. En même temps, nous reconnaissons qu’il est bien plus difficile de prendre part à la désobéissance civile pour les groupes oppressés et pour ceux qui vivent dans des sociétés plus oppressives. La désobéissance civile ne représente qu’un moyen qui permettrait d’atteindre les objectifs de l’Accord de Glasgow. De plus, nous reconnaissons que la stratégie de désobéissance civile a déjà été utilisée, sous plusieurs noms, de nombreuses fois avant nous, plus particulièrement par des communautés marginalisées et dans le Sud Global. Nous serions incapables de nous joindre à cette lutte sans leurs sacrifices historiques et contemporains;
  3. Un cadre politique, nécessaire à l’action climatique et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, basé sur la justice climatique, qui se définit comme une revendication sociale et politique qui défend la redistribution du pouvoir, du savoir et du bien-être de chacun. Elle propose une nouvelle définition de la prospérité liée au respect des limites naturelles et une distribution juste des ressources, en prônant une réelle connexion entre le système du savoir traditionnel et celui du monde occidentalisé. Elle appelle à une science publique et participative qui réponde aux besoins de l’humanité et de la terre, en particulier pour mettre un terme à cette crise climatique.
    À cet égard:
    • Elle reconnait l’interdépendance de toutes les espèces et affirme le besoin de réduire, avec l’objectif d’éliminer, la production de gaz à effet de serre et de tous polluants locaux;
    • Elle reconnait et intègre l’économie des soins dans la vie quotidienne, en défendant le partage de la responsabilité des personnes, indépendamment de leur identité de genre, pour les activités de soins et d’entretien, tant à l’intérieur des foyers que dans la société - la Justice Climatique place la vie au centre;
    • Elle soutient les changements structurels de la société pour renverser des siècles de racisme structurel - Il n’y a pas de justice climatique sans justice raciale;
    • Elle perçoit l’économie comme étant un sous-système de l’environnement, défendant une planification démocratique basée sur des besoins réels, en remplaçant l’oppression, l’imposition et l’appropriation par la coopération, la compassion et l’entraide;
    • Elle défend une transition juste pour tous les travailleu.r.se.s actuellement employé.e.s dans les secteurs qui ont besoin d’être démantelés, reconfigurés ou réduits, assurant la subsistance de ces travailleu.r.se.s dans les différentes économies et sociétés. Cette transition doit être basée sur l’équité et la justice, en réparant les préjudices du passé et en garantissant, à l’avenir, les moyens de subsistance des travailleu.r.se.s et des communautés, avec la nécessité d’une transition d’un économie extractive vers une société sans danger pour le climat, afin de renforcer le pouvoir économique et politique pour créer une économie régénérative;
    • Elle veut retrouver les connaissances des communautés indigènes en promouvant les effets bénéfiques d’une activité humaine pragmatique sur les cycles de la vie et des écosystèmes;
    • Elle défend l’introduction de réparations pour les communautés et populations en première ligne face au colonialisme, à la globalisation et à l’exploitation, en reconnaissant qu’il existe une dette historique et une dette écologique qui doivent être payées aux pays du Sud Global et que l’origine de ces dettes doit être stoppée;
    • Elle s’oppose à la souveraineté du capital, en considérant le capitalisme comme incompatible avec les principes des systèmes de la vie;
    • Elle refuse le capitalisme vert et les “solutions” qu’il propose (qu’il s’agisse de la géo-ingénierie “basée sur la nature”, du commerce du carbone, des marchés du carbone ou autres) et l’extractivisme, qui est une forme de production basée sur l’extraction croissante et illimitée de matières et de plus-values, en ignorant tous les impacts sur l’environnement et la société.
  4. La production d’un inventaire des principaux projets, secteurs et domaines responsables de l’émissions de gaz à effet de serre dans chaque territoire. Cet inventaire sera présenté nationalement et internationalement. Il informera un agenda climatique territorial, dans lequel sera établi ce qu’il faut éradiquer et transformer en priorité. Le résultat constituera un vaste “agenda climatique” pour la justice climatique;
  5. Définir leur propre stratégie locale et nationale afin de mettre en application cet accord, cet agenda climatique et stopper les nouveaux projets, les principaux secteurs et infrastructures émetteurs de gaz à effet de serre de leurs pays. Si besoin, elles feront appel à d’autres organisations signataires de l’Accord de Glasgow (nationales et internationales). Les organisations du Nord global soulignent leur engagement à soutenir les organisations du Sud Global à travers une solidarité envers les luttes existantes ou organisations ainsi qu’en s’adressant directement aux projets dirigés par des gouvernements, des sociétés ou des banques du Nord Global.

Definitions:

Dans ce contexte, la désobéissance civile est définie comme la transgression non-violente, intentionnelle et justifiée de lois. Elle est réalisée de manière publique, à l’encontre des gouvernements, des entreprises publiques et privées et des infrastructures. Nous avons l’intention de l’utiliser comme dernier recours, étant donné que les actions antérieures ont démontré que le pouvoir politique et économique sont restés inflexibles et apathiques face à la crise environnementale mondiale. Nous interprétons la désobéissance civile comme une tactique collective mise en œuvre avec sincérité et conviction morale pour lutter pour la justice entre des personnes libres et égales, consistant en des actions soigneusement choisies, utilisant des méthodes non violentes. Nous serons responsables de nos actes de désobéissance civile, et nous agirons en solidarité envers celles et ceux qui souffrent de répression ou de conséquences juridiques liées à leurs actions de désobéissance civile. Compte tenu de l’urgence croissante face au climat et à l’écologie, nous sommes convaincu.e.s que l’inaction est criminelle et nous pensons que nous serions responsables si nous n’enfreignions pas les lois qui établissent, protègent ou reproduisent l’effondrement de nos conditions environnementales matérielles mondiales.

Nous définissons la planification démocratique comme […]


Notes:

L’indication des réductions nécessaires au niveau territorial sera basée sur des méthodologies telles que le Climate Equity Reference](https://climateequityreference.org/), le Climate Fair Shares ou le Paris Equity Check qui proposent des contributions nationales équitables basées sur les émissions historiques et les capacités de chaque pays.

Deux mois après la signature de l’Accord de Glasgow, tous les membres auront produit leur premier inventaire national des nouveaux projets, des principaux secteurs et des infrastructures, responsables pour la majeure partie des émissions nationales. Ainsi que l’agenda climatique correspondant, avec des informations désignant ce qu’il faut stopper prioritairement. Les organisations d’un même territoire réaliseront cette liste collectivement. Ces informations seront centralisées sur le site internet public de l’Accord de Glasgow et directement communiquées à tous les membres. Le site permettra de collecter les demandes d’aide des organisations qui en exprimeront le besoin.


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